Le Château de Lavaux-Sainte-Anne
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1450
Vu en 2008
C'est non loin de la petite ville de Rochefort, à l’abri des marécages nés du ruisseau de la Wimbe, que se dresse la silhouette d'une forteresse seigneuriale : le château de Lavaux-Sainte-Anne.
Du premier coup d'œil, on s'aperçoit aisément que deux styles de constructions s'y mélangent : l'architecture militaire du 15ème siècle et l'architecture civile du 17ème siècle.
C'est aux alentours de 1244, que Jacques de Wellin, dit Jacques de La Vaux aurait fait construire une tour fort simple pour surveiller la voie romaine.
Début du 14è siècle, de par le mariage de son arrière petite-fille le domaine passe aux Schönau. De cette époque, on sait peu de choses. Aucun vestige de l'ancienne forteresse n'a été retrouvé, mis à part une pierre aux armoiries des Schönau.
Il faut attendre 1450 et l'arrivée de Jean II de Berlo, chevalier et commanditaire de la forteresse actuelle. En effet, ce dernier, membre du conseil du Prince-Evêque de Liège, Louis de Bourbon, devient propriétaire et seigneur de Lavaux.
Les caractères militaires et défensifs propres à cette époque sont omniprésents, et retardent l'assaillant ! Le plan architectural est donc très simple, une cour intérieure en forme de losange, cantonnée aux quatre angles par des tours rondes de pierre, reliées entre elles par des courtines, en pierre également. La forteresse est entourée de douves, alimentées en eau par la Wimbe, petit affluent de la Lesse. Le gros donjon est percé de mâchicoulis, de meurtrières à oculus et d'artères. Pour accéder à la cour intérieure on doit emprunter le chemin de défilement, construit en bois à l'époque. Sa trajectoire en arc de cercle empêche l'ennemi de défoncer la lourde porte de bois à coups de bélier. La quatrième tour ne sera construite qu'en 1500 par le baron de Mérode, et ne sera plus percée de meurtrières.
Le donjon constitue dès lors la pièce maîtresse du château. Il est composé de quatre niveaux, avec le cellier où l'on conserverait nourriture et boissons, puis la salle de garde, où les militaires assuraient la surveillance du seigneur de Lavaux. On accède ensuite à la salle seigneuriale, recouverte d'une voûte en encorbellement très ingénieuse. La résonance y est telle que même si deux ou trois personnes discutent dans cette pièce, l'ennemi qui arriverait par l'escalier intra muros, aurait l'impression qu'une foule se trouve à l'intérieur. Nous arrivons enfin au quatrième niveau, qui ne manquera pas de surprendre à chaque fois le visiteur pas la superbe charpente construite au 17ème siècle, et restaurée avec le système initial de tenons et de mortaises.
En 1634, le château sera revendu à Jacques Reynard de Rouveroy, colonel d'infanterie de l'Empereur Ferdinand III. Il obtiendra le titre de Baron de Lavaux.
Jacques de Rouveroy va alors entreprendre la construction des somptueux appartements du 17ème siècle. Il va remonter les niveaux, abattre le flanc nord afin d'aérer la cour intérieure du château, et édifiera les appartements entre les tours avec briques à profusion, bandeaux, meneaux, coquilles et coins de pierre. Ainsi apparaîtront les élégantes toitures en forme de cloche et le portail Renaissance aux armes des de Rouveroy au millésime 1634. La ferme fortifiée date de la même époque.
En 1730, Henri Joachim de Rouveroy, petit-fils de Jacques Reynard de Rouveroy, va rendre davantage le château plus confortable en aménageant la salle de bain dite " à la romaine ", l'embarcadère qui se trouve sous une petite annexe aux appartements, le somptueux escalier à double révolution, les parquets à chevrons, les plafonds de stuc, les portes dites en commandement pour accélérer le service, et la tourelle à cinq pans qui abritera la chapelle actuelle. On lui doit également le somptueux décor des cheminées des hottes des cheminées sculptées par des ébénistes namurois. Il utilisera les marbres de l'abbaye Saint-Rémy de Rochefort, ainsi que le marbre noir de Dinant.
En 1753, les derniers seigneurs de Lavaux sont dépossédés et obligés de vendre. Le domaine de Lavaux-Sainte-Anne sera racheté en 1810 par des négociants de Stavelot, les familles Malaccord et Fiscbacch. Celles-ci ne l'habiteront probablement jamais et le château se délabre. En 1924 le domaine est vendu aux Bernheim mais morcelé et loti.
L'Association des Demeures historiques prendra le château en charge dès 1926 avant de le léguer en 1933 à la" Ligue des Amis du Château de Lavaux-Sainte-Anne" qui est alors créée par la baronne Lemonnier.
Celle-ci émettra des volontés qui seront respectées. Le château devra abriter un musée dédié à la nature et à la chasse et sera accessible au grand public. A l'heure actuelle, ces conditions sont toujours respectées. C'est ainsi que vous pourrez visiter le château, ses musées et ses jardins.