Le Château de Fallais
13 éme siècle
Vu en 2007
Une terre des Beaufort, passée aux Bourgogne où vinrent des rois de France.
Dans la vallée de la Mehaigne, parc naturel protégé, l’édifice majeur est sans nul doute par sa taille et son histoire, le château de Fallais Son importance stratégique vint des conflits réguliers entre Namur et Liège et notamment quand les Beaufort, depuis Goesnes, mirent le feu aux mitres ce qui allait provoquer la Guerre de la Vache. À cette époque, soit au XIIIe siècle, le prince-évêque de Liège avait des visées territoriales pour unifier ses domaines éparpillés de Dinant à Thuin en passant par Bouillon. Moha venait de tomber par les armes. Fallais, indépendant puis terre brabançonne enclavée dans Liège, devait se renforcer. Il faillit tomber en 1273. Les Beaufort tinrent en se plaçant sous la protection du duc de Brabant. Un siècle plus tard (1373), le dernier Beaufort de cette ligne donna son bien à son neveu, Jean de Wesemael, seigneur de Westerloo. Le fils d’ycelui fit don de Fallais en 1464 à Charles le Téméraire, ce qui a dû en énerver plus d’un. Fallais demeura jusqu’à la Révolution une épine dans le pied des Liégeois.
Bain de sang
Cela nous met dans la période de destruction de Dinant en 1466, de l’épisode des 600 Franchimontois (29 octobre 1468) et de la destruction totale de Liège le lendemain. Le bain de sang dura trois jours. Liège devenait la sœur aînée de Dresde ! Tout ceci avait été décidé du 24 au 27 octobre à Fallais. S’y trouvait, le roi de France Louis XI venu de Péronne avec le duc de Bourgogne. Ils y rejoignirent leur cousin, le prince-évêque de Liège, Louis de Bourbon. Ce dernier s’était réfugié au château après avoir été fait prisonnier par les Liégeois qui venaient de s’emparer de Tongres.
En 1470, le duc Charles fit don du château à Henri de Borssele, amiral de Hollande et de Zélande. Il était l’époux de Marie Stuart, fille du roi Jacques Ier d’Ecosse. Le bien fut laissé à leur fils puis à son gendre Wolfgang de Polheim ou Polham, en 1486. Hérité par l’empereur Maximilien Ier en 1501, le prince donna le château illico à Baudouin de Bourgogne, fils bâtard du duc Philippe et de Catherine de Thieffries. Les Bourgogne alliés aux Brederode et aux Lannoy, entre autres, gardèrent Fallais jusqu’à ce que la branche ne s’éteigne dans les Noyelles, originaires de l’Artois.
Louis XIV
En 1614, l’archiduc Albert avait érigé Fallais en comté pour Herman de Bourgogne. Du 3 au 9 juillet 1675, Louis XIV vint s’établir au château après l’avoir bombardé. Toute la courtine nord et la tour « Grignard » volèrent en éclats. Le roi partait vers Maestricht où d’Artagnan laissa la vie. En 1687, Fallais fut saisi. Sur vente forcée, le bien passa à Jean de Gozée contre 82 000 florins. Le domaine resta dans sa descendance en passant aux Ponty, puis aux comtes de Marotte de Montigny (ils profitaient en outre des châteaux de Braives et de Longchamps-lez-Dhuy). Vinrent ensuite les Preud’Homme-Porta. Ces derniers, propriétaires de papeteries près de Huy et de grandes forêts en Allemagne, firent transformer le château par l’architecte gantois Auguste Van Assche (1826-1907), auteur de l’église Saint-Christophe à Liège, déjà rencontré à Leignon, Spontin et Tilleghem.
Ensuite, Charles Ortmans acheta la puissante demeure en 1928. En 1935, la Prévoyance sociale s’empara des bâtisses pour y installer un home de personnes âgées. Puis elle dût faire face au plus terrible des assaillants : les flammes. Un incendie considérable détruisit toute l’aile longeant la rue. Les assurances socialistes restaurèrent totalement le château et y restèrent jusqu’en 1976 quand des membres de la famille de Marneffe, dont les aïeux furent châtelains de Fallais mais aussi de Seraing-le-Château, se firent un devoir de récupérer un bien où vécurent leurs ancêtres.
Trois fossés d’eau remplis
Encore en 1858 sur le plan Popp, le château de Fallais était protégé par trois fossés successifs.
Dès le XIIIe siècle, le château s’imposa comme un quadrilatère de 65 x 45 mètres de côté. Quatre tours d’angle animaient les coins. Un donjon, sans doute proche de celui de Spontin, était posté au devant. Vers 1332, il fut brûlé par la foudre. On le remonta tout en pierre calcaire en l’enclavant dans les constructions neuves avec le passage charretier et la poterne, chacun ayant leur pont-levis (disparus en 1881).
De là jusqu’en 1882, il n’y eut plus guère de changements au château sauf ses pertes de 1675. Van Assche reconstruisit la tour dite de « Bourgogne ». L’aile sud fut percée de nombreuses baies à croisées alors qu’elle était presque aveugle. Un ensemble qui joue la symétrie rythmée par trois tours d’angle et trois niveaux de résidence sous des toitures d’ardoises en bâtière ou en poivrière. La face est compte ainsi la tour ronde, une travée à pignon crénelé, une travée exhaussée formant tour puis l’aile de six travées plus basse suivie du même dispositif de tour, pignon et tout ronde.
SOURCES:Philippe Farcy,
Adresse : Rue du Château - 4260 - Braives