La Citadelle de Dinant
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1040
Vu en 2013
En 1040 l’évêque de Liège, Nilhard, fit édifier le premier château-fort de Dinant.
Enfermée dans une ceinture de muraille percée de huit portes et hérissée de tours, la ville, dominée par son château-fort, connaissait une prospérité inouïe.. Le comté de Namur était, depuis 1429, un fief du duc de Bourgogne. Pour se venger de la démolition de la tour Montorgueil, imposée par le duc de Bourgogne, les Dinantais allèrent insulter le comte de Charolais, son fils, jusque sous les murs du château de Bouvignes. La vengeance fut terrible. Pour laver cet affront, Charles le Téméraire en personne, à la tête d’une armée de trente mille hommes, vint mettre en 1466, le siége devant Dinant. Le Téméraire , précédé de son grand étendard noir, contraignit les Dinantais à capituler après treize mois de siège. La ville fut pillée puis incendiée. Huit cents Dinantais, liés deux par deux, furent précipités du haut du pont dans le fleuve et noyés. Ce qui restait de l’opulente cité fut complètement rasé. Le château-fort, l’enceinte, les églises, les maisons ne furent bientôt plus que poussière :Dinant devint un vaste désert.
En 1530, Evrard de la Marck, trente-neuvième évêque de Liège, rebâtit le château. Depuis lors, l’histoire de la citadelle est intimement liée à celle de la cité. En 1554, le duc de Nevers, envoyé par le roi de France Henri Il, vint assiéger et prendre la ville qui à peine reconstruite, fut détruite à nouveau. Mais l’obstination des Dinantais est légendaire. Ils ne se laissèrent pas abattre et parvinrent, à force de persévérance à réédifier leur cité. Certes, ce n’était plus la fière et riche ville de marchands du début du XVe siècle, mais elle connut cependant une nouvelle période de paix et de prospérité.
Les Français apportèrent d’importantes modifications aux défenses de la citadelle. Celle•ci couvrait alors une étendue de terrain beaucoup plus considérable qu’à présent. Elle se composait du château proprement dit dont la superficie correspondait à celle du fort actuel, et de constructions défensives importantes sur le plateau. Le saillant le plus éloigné se trouvait à 225 mètres de l’entrée du château qui comprenait des casernes et une chapelle. Un rempart descendait en ligne droite vers la route de Ciney.
Après la signature du traité de Ryswick en 1697, la citadelle, qui avait été assiégée dix-sept fois, fut démantelée.
En 1818, le gouvernement des Pays-Bas fit construire les bâtiments de la citadelle qui existent encore de nos jours. Les travaux furent terminés en 1820 ainsi que l’atteste une inscription gravée au-dessus de la porte d’entrée. En 1830, quelques patriotes réso1us s’emparèrent du fort et mirent la garnison hollandaise en déroute. En 1853, il fut déclassé et abrita, pendant quelques années, une compagnie disciplinaire.
Penchée sur le calme paysage de la Meuse dinantaise, la citadelle pouvait croire que sa carrière militaire avait pris fin .. Hélas ! Deux fois au cours de ce siècle, en 1914 puis en 1944, elle devint le centre de combats acharnés. Le 8 août 1914, les Français occupèrent les bâtiments du fort ; le 15 août, une lutte terrible qui dura de cinq heures du matin à midi, se déroula entre deux compagnies du 33e régiment d’infanterie française et les éléments d’une division de chasseurs saxons. Les Français, écrasés par le nombre, durent battre en retraite dans les galeries , où de sanglants corps à corps à la baïonnette se poursuivirent pendant plusieurs heures. De 1940 à 1944, la citadelle servit aux Allemands de dépôt de munitions. Au moment du passage d’importants convois militaires sur le pont de la Meuse, la « Flak » s’y installait. Lors de la libération de la Belgique, la citadelle était occupée par une compagnie d’infanterie de marine et par des S.S Le lundi 4 septembre, les Américains, arrivant par la route de Philippeville, installèrent quelques chars sur les plateaux de la rive droite et lancèrent des obus sur la citadelle, Le lendemain ils faisaient intervenir leur artillerie lourde Le bombardement de la citadelle, qui causa cent soixante-six brèches différentes dans l’ouvrage, continua jusqu’au mercredi 6 , dans la soirée. Le 7 septembre à l’aube, les premières troupes américaines franchissaient la Meuse et occupaient la citadelle sur laquelle fut hissé, à 7 heures du matin, le drapeau national.
Restaurée en un temps record, avec son point de vue d’où l’on découvre l’un des plus beaux panoramas du pays elle est devenue un grand centre de ralliement des touristes.