Le Château de Thor
Vers 1400.
Vu en 2007
Quand une demeure de plaisance remplace un donjon.
Astenet dépend de Walhorn, village de l’entité de Lontzen. Guy Poswick est, comme on le sait dans cette région, l’auteur incontournable. En 1952, il retraça l’historique de cette propriété de qualité, petite mais bourrée de charme. Le site est arrosé par un petit ruisseau nommé le Grötbach. Le château primitif d’Astenet était posé quelque part dans le parc au confluent de ce ruisseau et d’un bief qui alimentait l’ancien moulin. Déjà en 1626, le château était inhabitable et transformé en ruine. Le donjon s’était écroulé dès la fin du XVIe siècle. On y comptait quatre tours ce qui le rapprochait stylistiquement du « Vlattenhaus » jadis situé à Eynatten.
Le château actuel est posé en contrebas de la nationale. On accède à la cour d’honneur en traversant un passage charretier construit comme presque la totalité des bâtiments en moellons de grès. Les parties décoratives sont toutefois édifiées et placées en pierre calcaire. C’est le cas du portail proprement dit, de style baroque, daté de 1733. Son arche en plein cintre est surmontée d’un fronton à volutes et ailerons sommé d’un pot-à-feu. Deux baies à meneau équilibrent la composition sous une toiture en bâtière et à coyaux, couverte d’ardoises.
Romantisme d’une cour
Sur la gauche de la cour empreinte de romantisme, une grange ferme la perspective. Au fond, derrière un arbre pleureur, des communs plus bas et partiellement décorés de colombages rejoignent l’aile du logis. Celle-ci est distribuée en deux éléments. La partie des communs est animée sur deux niveaux de faible hauteur par de petites baies carrées aux linteaux chaînés. Puis vient la maison précédée de son perron en calcaire à trois degrés. Elle s’étire sur six travées groupées deux par deux sous une bâtière neuve animée de quatre lucarnes. Au centre, se trouve la belle porte aux encadrements moulurés et panneautés; elle est agrémentée d’une baie d’imposte ovale. Les niveaux dégressifs du bâtiment sont assortis de baies à linteaux bombés à clé. Cette seule façade est peinte en blanc. Latéralement l’édifice court sur trois travées. La première est placée sous un pignon plat et grimpe sur trois niveaux. La seconde ne comporte que deux niveaux sous une toiture mansardée à corniches débordantes. Sur le jardin à l’intersection de ces deux éléments, a été élevée une tour au milieu du XIXe siècle.
Le site signalé par Poswick était aux mains des d'Astenet, sires de Panhuys et de Mützhof. En 1416, le relief est opéré par Scheiffart van der Heyden, beau-frère du dernier d'Astenet. Quatre générations plus loin, Claire van der Heyden épousa Jean Molener dit d’Astenet. Leur fils Winand allait convoler avec Gudule Welter. Ils n’eurent point d’enfant, mais Madame avait aimé un Nicolas Pelzer avant son Winand. Il en était né une Barbe Pelzer qui devait unir son destin à celui de Renier Reul (1577-1646).
Trois générations de Reul gardèrent la maison jusqu’à ce que Jeanne-Marie, mariée à don Ambroise de Quintana-Riva vende le domaine à Jean Heyendal, frère du célèbre abbé de Rolduc. Le nouveau maître fit ériger le corps de logis actuel vers 1700. Puis ses fils Henri et Jean-Etienne agrandirent le bien entre 1730 et 1738. La fille de Henri hérita du lot. Elle avait convolé en 1762 avec Walthère Birven. Son mari s’en alla en 1800 et elle le rejoignit en 1806.
Le château resta dans leur descendance Lamberz jusqu’en 1997. Le dernier d’entre eux aménagea les lieux en hôtel. Ensuite en l’année 1997, le dernier Lamberz contre quelques sequins donna Thor avec raison à Madame le Docteur G., présidente de la société VIP Euro Aesthetics. La nouvelle maîtresse de maison, originaire d’Aix-la-Chapelle, a gardé la même affectation que celle décidée par les Lamberz. Charme garanti.