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Abbaye de Maubuisson

1241

Vu le 10.04.2015

L'abbaye de Maubuisson (anciennement appelée Notre-Dame-la-Royale) est une ancienne abbaye royale cistercienne fondée en 1241 par Blanche de Castille.

Elle est située sur la commune de Saint-Ouen-l'Aumône, non loin du château de Pontoise, dans le Val-d'Oise.

De la fondation à la guerre de Cent Ans

Blanche de Castille, dans le cadre d'un renforcement des liens entre la royauté et les abbayes, décide de financer sa propre abbaye.
Elle annexe donc à son domaine, en 1236, 
Pontoise et les terres sur le territoire de la future commune de Saint-Ouen-l'Aumône. Ces terrains présentent l'avantage d'être situés à proximité de son château et à côté d'une rivière, la "Liesse".
C'est là, en territoire d'Aulnay, entre les villages de Saint-Ouen et d'Epluches, qu'elle fonde Maubuisson (du latin malodumum qui signifie « buisson maudit », nom d'un ancien repaire de brigands qui se trouvait dans les parages ; l'abbaye « sanctifie » ce lieu malfamé, au pied d'un mont).

Pour donner vie à cette abbaye, Blanche de Castille s'est adressée, dès 1237, au chapitre général de Cîteaux ; et, en 1242, elle a tenu elle-même à installer, dans les bâtiments à peine achevés, un groupe de moniales venues de Saint-Antoine près du Paris de l'époque (dans Paris intra-muros actuel).
Elle avait donné à cette fondation le nom de Notre-Dame-la-Royale, en l'honneur de la Vierge Marie qui est la sainte patronne du royaume de France, mais les noms de lieux ont la vie dure et c'est Maubuisson qui a, au cours des siècles, prévalu.

Après la fondation de l'abbaye en 1241, celle-ci est rattachée à l'ordre cistercien en 1244. Elle bénéficie, du fait de son caractère royal, d'une forte protection et joue un rôle important dans l'économie locale.

Blanche de Castille a fondé une abbaye qui possède trois rôles bien distincts :

  • dans un premier temps, il s'agit d'un endroit de recueil pour les jeunes filles de bonne noblesse ;

  • dans un deuxième temps, l'abbaye de Maubuisson est utilisée comme résidence royale ;

  • enfin, c'est une nécropole royale : Bonne de Luxembourg y fut inhumée ; son fils Charles V y avait fait préparer son propre tombeau, et Gabrielle d'Estrées sera inhumée en 1599 dans le chœur de la chapelle.

En 1307, le roi de France, Philippe IV le Bel, y organise dans la plus grande discrétion une réunion destinée à préparer l'arrestation dans le royaume des frères de l'ordre des Templiers.

Du 5 au 8 septembre 1463, avant d'aller aux villes de la Somme, le roi de France Louis XI (1423-1461-1483) séjourna à Pontoise, et attribua sa protection spéciale à l'abbaye de Maubuisson par ses lettres patentes1 ainsi qu'en décembre 1474

L'économie solide de l'abbaye lui permet de survivre à la guerre de Cent Ans.

Du XVIe au XVIIIe siècle

Au début du XVIe siècle, sous l'impulsion de l'abbesse Antoinette de Dinteville (1482-1523), de nouveaux corps de bâtiment sont construits et l'abbaye compte 120 moniales. Mais la communauté traverse une période sombre avec les guerres de religion : par deux fois au moins, en 1566 et en 1588, l'abbaye et ses dépendances sont pillées par les troupes protestantes.

En 1597, Angélique d'Estrées, la sœur de Gabrielle, obtient du roi Henri IV la charge de mère-abbesse de l'abbaye royale. Les mœurs de l'abbaye n'ayant plus grand-chose à voir avec la règle de Saint-Benoît et l'esprit de saint Bernard, Angélique Arnauld reçoit en 1618 ordre du vicaire général de l'ordre de Cîteaux de quitter l'abbaye de Port-Royal pour réformer l'abbaye de Maubuisson. Là, elle a maille à partir avec Mme d'Estrées et ses amants. Mais, sur l'intervention du Parlement de Paris, le prévôt de l'Île s'empare des religieux séditieux et rétablit Angélique Arnauld à la tête de l'abbaye. François de Sales rend plusieurs fois visite à la nouvelle abbesse.

Puis Angélique Arnauld est remplacée à la tête de l'abbaye par Mme de Soissons, mais celle-ci, qui « n'avoit pas pris, nous dit Racine, un fort grand soin d'y entretenir la régularité que la Mère Angélique y avoit établie… », meurt en 1627. La nouvelle abbesse, Marie Suireau ou « Marie des Anges », choisie sur proposition d'Angélique Arnauld, dirige Maubuisson jusqu'en 1648. Dès 1628, elle eut à faire face à une tentative de conversion de l'abbaye au molinisme mais, deux religieuses suspectes ayant été évincées, le retour aux canons cisterciens s'affirma.

Louise Hollandine (1622-1709), fille de Frédéric V du Palatinat et tante de Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722), seconde belle-sœur de Louis XIV, fut également abbesse de Maubuisson.

C'est au XVIIIe siècle que l'abbaye voit le nombre de moniales diminuer et son influence régresser: le nombre de religieuses passe de 70, en 1720, à 18, en 1780. En 1786, Louis XVI décide de fermer l'établissement.

Après la Révolution

En 1786, par décision de Louis XVI, l'abbaye perd donc sa fonction religieuse, situation définitivement entérinée sous la Révolution, et devient un hôpital militaire en 1793, puis une carrière de pierres au début du XIXe siècle. Les bâtiments non détruits, encore utilisables au milieu de ce siècle, deviennent alors une filature et une ferme.

Classée monument historique depuis 1947

Elle devient la propriété du conseil général du Val-d'Oise en 1979. Des fouilles archéologiques poussées y sont menées durant deux ans, jusqu'en 1981, suivies d'importants travaux de réparations avec, notamment, la rénovation de la couverture de la tour de la grange dîmière, en 1988-1990, à l'aide de tuiles en bois, par des maîtres couvreurs.

Centre d'art contemporain

L'abbaye de Maubuisson abrite aujourd'hui des expositions. Depuis 2000, elle dédie sa programmation aux arts plastiques et visuels contemporains.

​​​Adresse :Avenue Richard de Tour, 95310 Saint-Ouen-l'Aumône

 

 

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