Adresse :8 Rue du Château – 79100 – Oiron.
46.953670, -0.079152
Le château d’Oiron, entre Renaissance et classicisme
L’histoire du château d’Oiron est celle d’une gloire et d’une longue déchéance : cette histoire commence au milieu du XVe siècle lorsque Guillaume Gouffier construit à Oiron un château fortifié. De cette bâtisse primitive, il ne reste rien sinon l’implantation des ailes du château. Pour cause : de 1540 à la fin du XVIIe siècle, les travaux s’enchaîneront, jusqu’à donner au monument la silhouette que nous connaissons.
Le petit fils de Guillaume Gouffier, Claude Gouffier, est grand écuyer du Roi et fameux amateur d’art. Très sensible au goût italien, il fait reconstruire la moitié du château dans le style Renaissance. De ses ambitieux travaux, il ne reste aujourd’hui que quelques éléments mais quels éléments ! Un escalier singulier, d’une conception unique en France : il adopte le principe de l’escalier droit à rampe sur rampe tout en conservant une moitié tournante, héritée de la tradition de l’escalier à vis français ; son noyau creux est un chef d’œuvre de raffinement. Malheureusement, les travaux de la fin du XVIIe siècle ont fait disparaître la façade, que l’on devine richement ornée, de cet escalier monumental.
Mais surtout, Claude Gouffier dote le château d’une galerie longue d’une cinquantaine de mètres. Au rez-de-chaussée, il orne les murs de portraits des meilleurs chevaux du roi, témoignant ainsi de sa charge de grand écuyer. De ce décor, il ne reste aujourd’hui plus rien, mais une œuvre contemporaine de Georges Ettl en restitue l’esprit.
À l’étage, en revanche, le décor a traversé les siècles et un cycle complet de peintures se déroule sur les parois. Peint autour de 1546-1549 et attribué (avec beaucoup de précautions) à Noël Jallier, ce décor narre les principaux épisodes de la Guerre de Troie. Comme il est de mise chez les hommes raffinés, le programme décoratif est complexe et mystérieux. Seul un honnête homme, pétri de culture classique et très érudit est en mesure de comprendre les nombreux sens cachés et références qui traversent ces peintures. Elles ont une dimension morale forte et illustrent les qualités du héros antique : vertu et sagesse.
À la mort de Claude Gouffier, la famille perd de son prestige et de ses charges. Louis, le petit fils de Claude, est écarté de la cour par Richelieu. Exilé dans son château d’Oiron, il poursuit les travaux de ses ancêtres, mais donne aux constructions une physionomie de son temps : les années 1620-1630 voient l’’épanouissement de l’architecture classique. C’est à Louis que l’on doit le gros pavillon du roi à droite du château, en symétrie duquel sera édifié, à la fin du siècle, le pavillon des trophées.
Au milieu du XVIIe siècle, le château passe en possession du marquis de la Feuillade, qui a épousé la dernière héritière des Gouffier, Charlotte. Le marquis entreprend la dernière grande phase de travaux et unifie la façade dans le goût classique et édifie un portique ouvert face à la galerie Renaissance. En 1699, un de ses héritiers, ruiné, cède le château à des spéculateurs afin de rembourser ses dettes. La marquise de Montespan se porte acquéreuse et offre la demeure à son fils, le duc d’Antin. Même si de nouveaux décors sont créés dans le château, ce dernier ne retrouvera jamais sa splendeur d’antan et traverse le siècle sans être correctement entretenu. Les intérieurs sont dégradés par les révolutionnaires. Au lendemain des troubles, les propriétaires du château, les Boisarault, ne sont plus en mesure de restaurer les vastes pièces et se contentent d’ériger des entresols dans un des pavillons, qu’ils occupent tant bien que mal.
Un peu restauré à la fin du XIXe siècle, le château est classé au titre des Monuments historiques en 1923 et acquis par l’État pendant la Seconde Guerre mondiale : il va commencer une nouvelle vie, celle de lieu patrimonial ouvert à la visite.
http://peccadille.net/2015/10/01/chateau-d-oiron-1/