Le Palais Leopoldskron
1740
Vu en 2014
Le château a été construit entre 1736 et 1740 par le prince-archevêque Leopold Anton Freiherr von Firmian (1679-1744). Il descendait d’une famille noble du Tyrol dont la lignée peut être remontée jusqu’en 1185. Les plans ont été dessinés par le moine bénédictin Bernhard Stuart; le plafond de stuc, considéré comme l’un des plus beaux datant de cette époque a été réalisé par Johann Kleber.
Très érudit et particulièrement sensible à l’art, Firmian écrivit cependant une des pages les plus sombre de l’histoire de Salzbourg en expulsant impitoyablement 22000 protestants hors de la ville. Son comportement impitoyable provoqua la stupéfaction dans le reste de l’Europe et l’économie de Salzbourg ainsi que l’image de la famille en souffrit énormément, la construction du château fut une tentative pour sauver la réputation de la famille.
Le prince-archevêque mourut en 1744 et, alors que son corps était enterré dans la cathédrale de Salzbourg, son cœur était inhumé dans la chapelle du château, qu’il, comme on peut le lire sur le sol de la chapelle, « aimait tant ». Il légua son château à son neveu Laktanz qui l’habita pendant plus de quarante ans. Laktanz était un grand connaisseur d’art et collectionneur. Au cours des années il acquit plus de cinq cents tableaux, en grande partie des portraits parmi lesquels se trouvent des œuvres de Rembrandt, Le Titien, Rubens et Poussin. Le comte fut l’un des premiers protecteurs de Leopold Mozart et de son fils Wolfgang Amadeus. Après sa mort en 1786, commença la liquidation du château, le fils mit en vente les oeuvres d’art de son père. En 1837, Georg Zierer racheta le château et pilla la collection d’art, il vendit une grande partie des précieuses peintures, gravures et sculptures.
Au cours des décennies suivantes, le château changea souvent de propriétaire. Louis I de Bavière l’acheta et l’habita après son abdication, il appartint ensuite à un poète, puis au banquier Carl Spängler. En 1918 il fut acheté par Max Reinhardt, cofondateur du festival de Salzbourg, alors le plus célèbre imprésario de théâtre en Europe. Durant les vingt années suivantes, il entreprit de vastes travaux de réhabilitation afin de rendre au château son éclat originel. Il fit remettre à neuf l’escalier, la grande Salle et la salle de Marbre, on retrouve aussi l’empreinte créative de Reinhardt dans la bibliothèque, la salle Vénitienne, ainsi que d’autres innovations dans différentes pièces de l’édifice.
Reinhardt, par le biais de ses productions théâtrales qui attiraient un public varié et beaucoup d’amis, donna au château une nouvelle vie. Dans les mise-en-scènes qu’il produisit ici, le public allait d’une salle à l’autre et les magnifiques pièces devenaient des scènes de théâtre. Dans le parc il fit construire un théâtre de verdure ayant pour décor un étang et le Untersberg.
Au cours de ces années, Leopoldskron fut un lieu de rencontre important pour des producteurs de théâtre, des écrivains, compositeurs et acteurs du monde entier.
La Seconde Guerre Mondiale mit fin à l’ère Reinhardt. En 1938, le château fut confisqué par le commandement allemand en tant que « possession juive » et fut utilisé comme résidence d’été et maison d’hôtes. Après la seconde guerre mondiale, le château fut rendu aux héritiers de Max Reinhardt.
Lorsqu’en 1947, trois étudiants américains de l’université de Harvard, Clemens Heller, Scott Elledge et Richard Campbell, eurent l’idée de créer un séminaire pour européens et américains, Hélène Thining leur proposa le château. À l’été de la même année, plus de quatre-vingt dix participants venus de toute l’Europe et des États-Unis se retrouvèrent au château pour un séminaire qui dura six semaines. C’est ainsi que naquit le Séminaire de Salzbourg.
Depuis 1947, le Séminaire de Salzbourg organise des conférences de renommée internationale sur des thèmes politiques, économiques, juridiques, sociaux, culturels et scientifiques. Plus de 22000 personnes ont pris part à plus de quatre cents séminaires visant la formation personnelle continue et l’échange d’idées depuis sa création. Le Séminaire de Salzbourg ainsi que le fils de Reinhardt, Gottfried, allient les deux mondes de Max Reinhardt, l’Europe et l’Amérique. Ils développent le domaine académique, de même que Reinhardt soutenait le domaine culturel. Le Séminaire rend ainsi hommage à l’esprit de la maison.
Au début des années 50, le « Salzburg Global Seminar » fut officiellement reconnu comme société de formation américaine d’utilité publique aux États-Unis et loua Leopoldskron aux héritiers de Reinhardt. Après le rachat en 1959, de vastes travaux de rénovation et de transformation ont été entrepris pour adapter le château aux besoins du Séminaire. En 1973, les dépendances, ayant autrefois appartenues à Firmian, furent aussi racheté.
En 1964, certaines scènes de la comédie musicale « La Mélodie du Bonheur » furent tournées dans le parc et au bord de l’étang. Ce film a été élu film le plus célèbre des années 60.
Une partie du Meierhof a été réaménagée en 1988-1989 afin de créer des possibilités d’hébergement pour les participants aux séminaires. Puis en 2000-2001 furent ouverts la bibliothèque Alberto Vilar et le centre informatique attenant. En outre, la salle Parker fut modernisée et des bureaux pour le personnel du « Salzburg Global Seminar » furent créés. Si aucune conférence du Séminaire n’a lieu, le château sert aussi de cadre à d’autres conférences, séminaires et banquets exclusifs