Aucune date ne peut être donnée pour la création de l'abbaye, mais un document permet d'affirmer que l'abbaye existait déjà en 1041.

 

Nous allons parler de la création de cette Abbaye, qui fut Bénédictine, Cistercienne et à nouveau Bénédictine. Nous n'avons pas de date exacte de la fondation de l'Abbaye, mais nous savons par une vente de vignes qu'en 1092 l'Abbaye était déjà florissante, Bénédictine, règle de St Benoît, et comprenait 7 religieuses, dépendantes de l'Evêché de Maguelone.

A l'inverse des Sites Cisterciens, St Félix a été bâtie sur une hauteur, comme ses sœurs Bénédictines, car la règle de St Benoît était un ordre contemplatif. Nous avons mentionné 7 religieuses, mais tout au long de la visite, nous parlerons de sœurs Professes et sœurs Converses. En effet, les Professes avaient fait leurs vœux, alors que les Converses ne les feraient jamais. Donc nous trouvons toujours dans l'Abbaye un nombre de religieuses multiplié par deux.

Les Professes étaient des membres de grande famille de la noblesse et savaient lire et écrire. Quant aux Converses, elles étaient analphabètes et devaient le rester. Interdiction était faite aux Professes de leur apprendre à lire et à écrire. Les Converses n'étaient là que pour les travaux ingrats intra et extra muros.

 

Les trois raisons des richesses de l'Abbaye :

•  La dot

En effet lorsqu'une novice entrait à l'Abbaye, (à partir de 6 ans, c'était possible), elle apportait sa dot à la Communauté religieuse, donc, son lit, ses objets, ses bijoux, ses biens, ses terres…, tout ce qu'elle possédait.

•  Les sépultures

A l'époque du Moyen Age, les gens avaient peur de la mort et la foi en Dieu était très grande. Aussi, les gens aisés, les nobles, les princes, les comtes, les ducs, les rois et les reines, payaient à l'Abbaye ou au Monastère une grosse somme d'argent pour être ensevelis au sein de ces communautés religieuses, pensant ainsi aller au ciel directement. Une sœur priant tous les jours sur leur tombe.

En outre les personnes versaient aussi de l'argent pour que les sœurs célèbrent des messes d'anniversaire pour le repos de l'âme des défunts de leur famille.

 Les Abbayes recevaient des dons et des legs de Rois, Princes, Comtes…sous forme d'argent, de terres, de vignes, de prairies, de moulins, de rivières, de troupeaux…

En outre St Félix fut toujours protégé par les Papes, qui trouvaient en elle une grande piété des religieuses.

Ne nous étonnons donc pas si l'Abbaye au fil des siècles accrut sa richesse dans tous les domaines : Granges, Hôpitaux à Montpellier, vignes…, et l'apogée arriva au XIII° siècle. Le nombre des religieuses avait augmenté considérablement. On compte à cette époque 28 sœurs Professes et autant de Converses. La chapelle romane devenue trop petite, elles firent construire la grande Abbatiale gothique à la fin de ce siècle.

 

Mais l'opulence crée souvent des écarts, et les religieuses de St Félix en firent au XIV° siècle. Pour la prise de voile ou la fête de l'Abbaye, elles recevaient des militaires, dansaient, chantaient, à tel point que le Pape l'ayant appris, envoya un évêque de Maguelone ramener le calme dans l'Abbaye. C'est à cette époque que fut créée l'Enfermerie ou prison, pour punir les sœurs de leurs débauches.

Une légende apparut alors : «  St Félix de Montceau, 12 nones, 13 berceaux »

 

Vint le XV° siècle avec les Grandes compagnies de Routiers, qui, après la guerre de cents ans, pillèrent la région, et incendièrent l'Abbaye, prenant tout ce qu'ils voulaient. Leurs deux passages, le manque de foi et l'absence de novices, contraignit Bone Garsabalde, alors Abbesse de l'Abbaye, à délaisser en 1514, cette colline, et à faire ériger à l'abri des remparts de Gigean une seconde Abbaye, détruite au XIX° pour y bâtir la poste actuelle.

L'église fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 12 février 1953.

L'abbaye reste en ruine et sert de pierrier jusqu'en 1970, date à laquelle une association est créée pour l'entretien et la restauration du monument.