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Domaine de Mariemont

1546

Vu le 03.06.2010

Un pavillon de chasse: Marie de Hongrie.


Ces terres qui, à partir du 14e siècle, appartiennent au comté de Hainaut, vont susciter l’intérêt de Marie de Hongrie, sœur de l’empereur Charles Quint dont les possessions s’étendent de l’ancien duché de Bourgogne – en ce compris les Pays-Bas, nos régions – à l’Espagne. Devenue, assez jeune, veuve du roi Louis II de Hongrie, elle est chargée par son frère de gouverner les Pays-Bas et reçoit en apanage la prévôté de Binche. Elle y fait construire un palais pour y tenir sa cour. Comme tant de nombreuses têtes couronnées, Marie affiche une grande passion pour la chasse. En quête de terres giboyeuses, elle porte son choix sur un lieu situé non loin du village de Morlanwelz, à trois lieues de Binche. Le coteau sur lequel elle décide de faire construire un pavillon de chasse, dominant la vallée de la Haine, est dénommé «Mariemont», le mont de Marie, en hommage à la gouvernante. C’est au même architecte choisi pour son palais de Binche, Jacques Dubroeucq, qu’elle demande en 1546 la construction à cet endroit d’un petit édifice de proportions relativement modestes.

 

D’un aspect hésitant entre le Moyen Âge et la Renaissance, cette petite tour rectangulaire semble bien destinée à jouer un rôle secondaire, même si elle y reçoit, en 1549, son frère Charles Quint et son neveu Philippe pour des réjouissances de plusieurs jours qui sont considérées comme les dernières grandes fêtes de la Renaissance européenne. Cinq ans plus tard, le pavillon est incendié par les Français. La restauration de Mariemont, décidée immédiatement, est terminée en 1560, mais Marie de Hongrie s’est déjà retirée en Espagne et le pavillon ne semble guère intéresser les gouverneurs qui lui succèdent. Bien qu’entretenu, Mariemont n’accueille plus d’hôtes illustres durant près de quarante ans.

Premier château: Albert et Isabelle d’Autriche (1598-1621)

 Ce sont les archiducs Albert et Isabelle, également férus de chasse, qui vont lui redonner un nouvel essor.
Séduits par la situation du pavillon, ils décident d’en faire une résidence royale – d’y déplacer leur cour – et procèdent à d’importants travaux d’embellissement. 
C’est à cette époque que Mariemont, agrandi par l’architecte
Wenceslas Coberger, prend réellement l’allure d’un château: quatre pavillons d’angles ont été ajoutés au corps central, tandis qu’une chapelle, une tour et de nombreux bâtiments annexes sont édifiés. Des jardins fastueux, des jeux d’eau et d’importants aménagements des autres parties du domaine confèrent à l’ensemble une impression qui ne manque pas d’émerveiller les visiteurs. C’est de cette époque que datent les représentations les plus célèbres du château, notamment celles de Breughel de Velours.

 

Période française

En 1668, Louis XIV revendique, en raison de la signature du traité d’Aix-la-Chapelle, le château de Mariemont. Il s’empare du domaine malgré les protestations espagnoles et visite par deux fois, dans les années qui suivent, le château qu’il intègre parmi ses maisons royales – une célèbre suite de tapisseries en témoigne.

 

 Période espagnole

Ces attentions sont de courte durée : l’édifice est de nouveau abandonné à la suite des troubles causés par la succession des gouverneurs dans nos provinces, certains se désintéressant de leurs possessions. Les avoirs du domaine sont mis à mal par les intempéries, le braconnage et le pillage par la population avoisinante. Dix ans plus tard, le domaine repasse à l’Espagne. L’Électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel le restaure et l’agrandit quelque peu durant les années 1690, mais inéluctablement, Mariemont connaît les vicissitudes causées par la succession des gouverneurs de nos provinces, certains se désintéressant de leurs possessions. Le domaine subit alors les outrages des intempéries mais plus encore ceux causés par la population avoisinante qui n’hésite pas à braconner sur les terres, parfois à s’approprier certains bâtiments.

 

Période autrichienne
Désignée en 1725 pour gouverner nos régions,
Marie-Élisabeth d’Autriche entend concurrencer les eaux de Spa et tente de mettre à la mode celles de Mariemont. La vie thermale du château, cautionnée par les autorités scientifiques de l’époque, n’en demeure pas moins relativement peu active. Si les eaux de Mariemont jouissaient depuis longtemps d’une certaine renommée dans la région, le projet de leur commercialisation fait long feu, notamment en raison de la mort de l’archiduchesse. La fontaine de Spa, transférée de son lieu originel vers le domaine, témoigne de cette tentative avortée.


Deuxième château : Charles de Lorraine

Le domaine connaît encore des heures brillantes avec le prince Charles de Lorraine. Nommé gouverneur des Pays-Bas, grand chasseur, épicurien, celui-ci apprécie beaucoup les charmes de sa résidence mariemontoise. Le domaine fait l’objet de rénovations radicales. Charles de Lorraine n’hésite pas à raser la presque totalité de l’ancien château pour reconstruire une demeure digne des fêtes qu’il souhaite organiser. L’architecte lorrain Jean-Nicolas Jadot, puis Laurent- Benoît Dewez qui lui succède imaginent un bâtiment aux dimensions imposantes, flanqué de deux ailes ouvrant au premier étage sur la cour d’honneur. La déclivité du terrain est ainsi rattrapée, conférant à l’ensemble des dimensions différentes selon les points de vue. Les jardins sont redessinés, en terrasse, le dénivellement étant partiellement rattrapé par un escalier en fer à cheval muni d’un belvédère, toujours existant. Charles de Lorraine meurt en 1780.Quelques années plus tard, les troubles de la Révolution française se propagent dans nos régions. En 1794, lors d’une escarmouche entre les troupes françaises et autrichiennes, le château est incendié. Les dégâts les plus importants sont cependant causés non par la troupe, mais par les habitants des environs, profitant du changement de régime pour se livrer à un pillage systématique du domaine et de ses matières premières. C’est donc un bâtiment déjà en ruine que découvrent les Warocqué lorsqu’ils rachètent le domaine.

 

Château bourgeois: les Warocqué.

 À la fin du xviiie siècle, le domaine de Mariemont est mis en vente parmi une série de biens confisqués par l’État français. Le château est en ruines.

L’ensemble des terres est acheté par deux frères, Isidore et Nicolas Warocqué (1773-1838), industriels de la région. Administrateur habile, Nicolas s’enrichit rapidement.

En 1829, il achète à son compte la forêt de Mariemont pour en faire son domaine privé et y construire son château. De style néo-classique et composé d’un corps de logis unique, il est dessiné par le futur architecte de Léopold Ier, Tilman-François Suys.

Nicolas Warocqué est le fondateur de ce qu’on a coutume d’appeler « la dynastie Warocqué » ou la dynastie des « maîtres du charbon ». Grands promoteurs immobiliers, ils participent à la vie politique de la région (ils sont bourgmestres de Morlanwelz de père en fils pendant plus de cent ans), fondent écoles, crèches et internats, sont mécènes de la recherche scientifique et côtoient la famille royale.

Abel Warocqué (1805-1864) succède à Nicolas en 1827. Il embellit le château et se préoccupe particulièrement du parc. C’est de cette époque en effet que date son aménagement « à l’anglaise », toujours d’actualité. Abel fait comme son père preuve de philanthropie. C’est aussi lui qui met au point la warocquère, machine facilitant les montées et descentes des ouvriers dans la mine.

Léon Warocqué (1831-1868) ne dirigera les charbonnages que durant quatre ans.

La période de la direction de Mariemont par Arthur Warocqué (1835-1880), son frère sera marquée par les désordres sociaux ambiants bien que sa politique paternaliste lui évite d’être trop touché par les grandes grèves. Arthur fut le premier vrai collectionneur de la famille.

Son successeur, Georges Warocqué (1860-1899) faillit bien dilapider le patrimoine familial. Son train de vie dispendieux et son goût immodéré pour les jeux d’argent, les chevaux et les orchidées mirent la famille Warocqué dans une situation financière délicate. Elle est rétablie par son frère Raoul qui rachète le domaine pour s’assurer qu’il ne pourra être vendu et met son frère à l’écart de la gestion financière.

À la mort prématurée de Georges en 1899, Raoul Warocqué devient le seul héritier de Mariemont. Industriel habile, il fait fructifier ses avoirs par des participations dans divers charbonnages de la région du Centre, mais aussi dans des sociétés de construction, d’électricité, d’aéronautique, des aciéries, fonderies, émailleries, usine de chocolat, forges. Sa fortune colossale va lui permettre de s’adonner à sa passion : la collection d’antiquités et d’objets d’art.

Raoul Warocqué s’éteint le 28 mai 1917. Célibataire et sans héritier officiel, il lègue à l’État belge le parc, le château, la bibliothèque et les collections artistiques dans le but d’en faire un musée

La nuit de Noël 1960 un incendie se déclare. et le château des Warocqué est ravagé. Ce qu’il en reste est rasé à l’exception d’une petite aile ajoutée par Raoul Warocqué qui abrite aujourd’hui l’accueil du musée.

Un bâtiment moderne est édifié, dessiné par Roger Bastin (1913-1986. Le nouveau Musée royal de Mariemont est inauguré le 8 octobre 1975

Le Château avant l'incendie.

Le domaine aujourd'hui

​​​Adresse : Chaussée de Mariemont 100 - 7140 - Morlanwelz

 

Blason  de Marie de Hongrie

Blason  de Albert et Isabelle d’Autriche 

Blason  de Louis XIV

Blason  de Charles Alexandre de Lorraine

Blason  de Morlanwelz

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